Lettre de l’insu n°3 – mai 2021

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Avec le printemps, voici le renouveau de notre maison d’édition. LaPetiteLibrairie devient les éditions de l’insu.
C’est l’occasion de réaffirmer notre ligne éditoriale : le lien à la psychanalyse et le savoir inconscient, savoir sans sujet, qu’elle a permis de révéler. Éditer donc des livres, sans exclusion d’appartenance à une école ou association, qui participent et contribuent au savoir psychanalytique dans un souci du « faire école ».
Vous pouvez retrouver les ouvrages déjà publiés, il y en a neuf.

En 2021

Satisfaction et jouissance par Pierre Bruno

L’intérêt que présente la réédition de ces deux cours de 1985-86 et 1987-88, vient de ce qu’ils sont marqués par les circonstances dans lesquelles ils ont été prononcés, mais également parce que déjà pour l’auteur y est présente la question du père réel.
Pierre Bruno, en lecteur attentif de Freud et de Lacan nous éclaire leurs pas, relevant par exemple la distinction entre découverte et invention dont le noyau de la question est l’objet a. En chemin, il nous transmet de précieuses articulations à la clinique. Vous découvrirez, entre autres, une lecture étonnante, et même renversante du tableau des Ménines de Vélasquez, qui illustre ce qu’est un tableau.
Pierre Bruno maintient la tension en partant de la jouissance comme principe, illustrée par Faust dans son versant pulsion de mort, pour plus tard questionner ce qu’il en est de l’appareillage de la jouissance, versant libido.
L’exercice fait de cet ouvrage une référence incontournable.

Le style de l’inconscient/Place du réel dans la clinique du sujet par Luz Zapata

Cet ouvrage parcourt le style de l’inconscient en suivant quelques fils privilégiés à partir de l’expérience de la cure, de la pratique clinique, de l’enseignement et de la rencontre avec l’art. Entre souvenir et fantasme, la question de la trace amène l’auteur à mettre en valeur l’importance accordée aux détails et à l’expérience esthétique. Dans les écritures de l’impensable, les figures de l’Autre sont questionnées ainsi que les nouvelles subjectivités, sans jamais lâcher la cause du désir et l’approche du réel. L’auteur interroge la modernité et pose la question de la transmission, elle interpelle la psychanalyse et son devenir, les conditions demain de « possibilité du transfert »
La psychanalyse : l’indifférence en matière de politique ? par Michel Lapeyre
Constitué de 12 textes, ce recueil témoigne de l’engagement de son auteur à interroger, à partir de la psychanalyse, ses thèmes de prédilection, la politique, la création, le féminin, sans jamais abandonner son souci de « la relation à la substance humaine ». Nourri de références littéraires, théâtrales, philosophiques le parcours qu’il nous propose traverse « la honte de vivre », texte majeur, mais aussi la question du mal, du lien social, de la fraternité, du capitalisme, de la démocratie… La cure analytique est toujours présente dans ses réflexions (coups de gueule même !), donnant un accent particulier à l’humain, à la vie, au vivre parmi les autres. La pensée de Michel Lapeyre reste vivante dans son invitation faite au lecteur de penser le monde et d’y prendre sa part.

En 2020

Briques et tuiles, suivi de Briques rouges et tuiles bleues par Pierre Bruno, Isabelle Morin et Marie-Jean Sauret

« J’ai foi en les mots, mais je me récuse à leur faire dire ce que j’ai vu » Victor Ségalen.
Le titre de cet ouvrage est inspiré des récits de voyage de Victor Ségalen, et il indique le ton de cette correspondance animée. On est averti « qu’en psychanalyse, ni l’analysant, ni l’analyste ne parlent… parce que les mots échangés font exister un dire sans enclos ni auteur. »
Durant une année, les idées échangées sont vivifiantes, traversées par les questions posées par la cure, la passe et ses conditions, et par ce qu’est une association de psychanalyse. Le départ lancé par cette question : pourquoi Lacan remplace le père réel par un x ?
En chemin, la correspondance pose des jalons : le père, au cœur du fantasme, est le père réel qu’il y a à reconnaître sous le masque de cet objet qui soutient le désir et cause la jouissance, il est en tant que hors-série des noms ! Et celui-ci « la psychanalyse au chef de la politique » oui, mais pas sans la passe, pour l’amour et l’altérité.
La suite japonaise Briques rouges et tuiles bleues prend appui sur l’engagement envers la psychanalyse, dans le moment particulier de la dit-solution, pour traiter la répétition à la fondation du Pari de Lacan.
Ces échanges sur le vif font tout l’intérêt de cet ouvrage.

Phallus et fonction phallique par Pierre Bruno, Fabienne Guillen, Dimitris Sakellariou et Marie-Jean Sauret

Ouvrage collectif édité en grec moderne. Le phallus, concept central en psychanalyse, est abordé par les auteurs à partir des écrits de Freud, de Lacan, de Mélanie Klein et d’autres auteurs. Dans le débat entre psychanalystes, les auteurs ne reculent pas à prendre position et à s’expliquer.

En 2019

La méthode clinique suivi de Le savoir du psychanalyste, pas tant, pas tout par Michel Lapeyre

Dans son style foisonnant et très vivant, la méthode clinique est un cours adressé aux étudiants de l’Université de Toulouse (entre les années 1995-1999). L’ouvrage pose et expose les repères conceptuels qui donnent à la clinique son orientation. D’emblée, l’auteur précise sa démarche : « J’essaie toujours de m’expliquer avec l’économie et la logique propres à la clinique ».
Le titre du second texte souligne le savoir du psychanalyste, qui se réinvente à chaque cure incluant en lui-même un point de non-savoir. Un ouvrage à offrir à tout étudiant et tout lecteur portant intérêt à la « substance humaine ».

Entre deux passes par Simonne Soubeyrand

Simonne Soubeyrand a pris au sérieux ses écrits en décidant de les « faire passer en franchise » selon sa formule.
L’intérêt de cet ouvrage est qu’il en ressort de l’étonnement même, de l’étrangeté qui fait irruption, de la liberté prise sur les mots – et non avec. Ils sont les témoins d’un travail de cure et des effets de la passe, ouvrant à une autre.
Poèmes entre deux expériences de passe, pour dire ce qui ne peut qu’ex-sister entre les dits. Textes poétiques qui laissent entendre le vie, l’amour, la mort, le plaisir des mots, fragments et traces mêlées, « trouvailles éphémères ».
« Comme une peinture chaque texte se pose » écrit Simonne Soubeyrand et l’écrit vient ainsi résonner avec les traces de la plasticienne Bernadette Lemouzy dans un tissage singulier.
A savourer sans modération

Polars… ? Vous avez dit Polars ? Polar, psychanalyse et discours capitaliste par Françoise Delbos

Qu’est-ce qui fait l’engouement de cette littérature parfois plus noire que noire ?
Françoise Delbos envisage les différents éléments à l’œuvre, la polarité public et privé, le caché et à dévoiler, la place de la vérité. Elle fait se croiser la figure de l’enquêteur des polars qu’elle affectionne avec celle de l’analyste. Freud dans ses écrits cliniques traque le détail, déchiffre, tel un enquêteur.
Mais n’est-ce pas, au-delà de l’enquête, la fresque d’une société devenue, avec le capitalisme, faussement transparente qui emporte le lecteur ?
Ce livre présente l’intérêt de vous faire faire un pas de côté quant à cette littérature. Il est nourri de nombreuses références de romans qui pourront s’ajouter à celles que vous connaissez déjà.

Journée inter-cartels du Pari de Lacan Collection extimité

« Aucun progrès n’est à attendre, sinon d’une mise à ciel ouvert périodique des résultats comme des crises de travail »
Il est réjouissant de voir rassemblés ces travaux et d’en apprécier la variété ainsi que la singularité avec lesquelles ils se formulent. Au fond qu’est-ce qui enseigne ? Sinon avancer sur une question avec ses embarras, partager les effets de ce dispositif de travail qu’est le cartel.
Ce moment d’échanges et de rencontre démontre la richesse des élaborations au cœur même des questions de la psychanalyse.